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  • Satin blanc, or et soie nuée, à couronnes de marguerites, bouquets de roses, rosaces et fleurs impériales commandé pour la Chambre à coucher de l'appartement de l'Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles (fr)
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  • La crise qui frappe la Fabrique lyonnaise en 1810 est si préoccupante que la Chambre de Commerce de la ville envoie, à la fin de l'année, une délégation conduite par Gabriel Dutillieu auprès du ministre de l'Intérieur afin d'alerter l'Empereur et de l'inciter à prendre les mesures nécessaires pour maintenir la production. On sait les décisions que Napoléon Ier mit immédiatement en œuvre, parmi lesquelles celle de reprendre son projet d'aménagement du Palais de Versailles. Alexandre Desmazis, l'administrateur du Mobilier impérial, séjourne à Lyon en mars 1811 pour coordonner, avec la Chambre de Commerce et le préfet du Rhône, cette importante commission. Alexandre Brongniart, inspecteur du Mobilier impérial, exerce un contrôle systématique sur les dessins qu'il se donne le droit de modifier. Les soumissions présentées par les fabricants comprennent onze clauses indiquant notamment la nature du dessin, la qualité de la soie et des fils d'or, la qualité de la teinture, la réduction de l'étoffe et son poids, le prix et le délai de la livraison. À livraison, des échantillons de l'étoffe sont soumis à l'action de l'air et du soleil afin de vérifier la solidité des teintures, le dessin et la qualité d'exécution sont examinés par le vérificateur du Mobilier impérial, Mathurin Sulleau, ainsi que la conformité du poids des étoffes par rapport à la soumission. Un procès-verbal est rédigé, qui permet d'effectuer le paiement aux fabricants. Ce satin fut commandé à la maison Bissardon, Cousin et Bony pour la Chambre à coucher de l'Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles. On sait que Jean-François Bony, célèbre dessinateur de fabrique et brodeur, s'était déjà ponctuellement associé à André Bissardon à la mort de Camille Pernon pour exécuter des meubles façonnés destinés au Palais des Tuileries. En 1811, il renouvelle cette association, avec André Bissardon et son cousin Jean-Pierre Bissardon, dit « Bissardon-Lèques », du nom de son épouse, Jeanne-Catherine Lèques, en vue de pouvoir obtenir les prestigieuses commandes annoncées par l'Empereur pour l'aménagement du Palais de Versailles. Pour la Chambre de l'Impératrice Marie-Louise, il était prévu un meuble comprenant une tenture, des portières et des cantonnières fond satin blanc broché en dorure et soie nuée de diverses couleurs, le dessin représentant « une grande couronne de marguerites dans laquelle est un rosier et une rosace de fleurs impériales le tout lié par des ornements or et soie » ; des étoffes pour sièges, le dessin du dossier représentant un rosier dans une couronne de laurier, celui du siège une rosace de fleurs impériales dans une double couronne de reines marguerites et de laurier ; un écran en satin blanc, broché et brodé richement en dorure, nuance et chenille, dessin de rosier entre deux branches de feuilles et de fleurs ; des bordures pour tenture, portières et cantonnières (douze pouces), satin blanc broché en dorure et soie nuée, à bouquets de roses, guirlandes de marguerites, rosaces et ornements ; des bordures de lit (neuf pouces, six lignes), pareilles ; le talon de la bordure de tenture (quatre pouces) en satin blanc broché en dorure et soie nuée, à dessin de fleurs impériales, de feuilles d'acanthe et d'ornements ; et des bordures de sièges (trois pouces, un pouce neuf lignes ou un pouce trois lignes) pareilles, à dessin de suite de roses, rosaces et ornements. La soumission du 8 juin 1811 fut acceptée par Alexandre Desmazis le 14 et approuvée par Pierre Daru le 27 juin. Le temps accordé pour la fabrication était de dix-huit mois à compter de la réception de l'ordre d'exécution. Il fut largement dépassé. En décembre 1812, des échantillons de la première laize fabriquée étaient envoyés au Garde-Meuble. Ils firent l'objet d'un très long rapport d'observation, conservé aux Archives nationales, qui devait être consulté à la livraison des étoffes et lors de leur vérification. Ce rapport signalait notamment que : « l'effet général du meuble est obscur (...). Ce dessin n'est pas fait pour être placé perpendiculaire(men)t mais bien horizontale(men)t, soit plafond antique. (...) Partie or : l'or frisé et or filé sont trop légers ou très peu couvert, l'un et l'autre font l'effet de dorure d'impression. Voyez l'or employé aux meubles livrés par MM. Chuard, Grand frères, Seguin et Corderier et Cie, employez les mêmes dorures. (...) Les fleurettes des guirlandes seront mieux exécutées l'une en trait, l'autre en frisé ainsi que les boutons ou graines. Partie de soie couleur carmélite : cette couleur morte ne dit rien et nuit à l'effet du meuble. Ne serait-il pas mieux de substituer le vert qui est employé au groupe des tulipes (...). L'ombre portée aux guirlandes de fleurettes n'est pas aimable tel qu'il (sic) est en opposition des fleurettes qui seront mieux liserées ombrées couleur d'or foncé (...). Partie du dessin en soie nuée : (...) les roses sont trop rouges et trop foncées, les tulipes sont trop à la couleur ponceau. Serait-il possible de les faire de couleurs variées et moins dures à l'œil que le ponceau ? (...) Les marguerites qui composent la grande couronne sont d'un effet de couleur obscure trop égal. Il est bien désirable d'y faire tous les changements de couleur qui pourront la rendre cette partie plus aimable pour le coloris, la nature de cette fleur donnant tant d'effet agréable la consulter et limiter dans le clair et mélanger du blanc (...). Le talon de la bordure devrait porter avec lui au-dehors l'ornement du rais-de-cœur ou feuille d'eau en dorure qui tient à la grande bordure. » En conclusion, le rapporteur notait : « Peut-être le prix fixé pour l'étoffe de ce meuble ne permet-il pas l'emploi d'or plus fort. Mais ne faut-il pas mieux ajouter s'il le faut au prix de l'étoffe et la faire exécuter de manière plus riche et plus convenable à sa destination qui est la plus importante de tous ? » Les changements imposés par le Garde-Meuble retardèrent l'exécution de l'étoffe qui ne fut livrée qu'à la Restauration. C'est seulement le 5 septembre 1814 que Bissardon, Cousin et Bony annonçaient à Alexandre Desmazis que « le beau meuble fond satin blanc broché en soies nuées et en diverses dorures, destiné à la Chambre à coucher de Sa Majesté, au Palais de Versailles, sera entièrement achevé à la fin de ce mois, les diverses circonstances qui sont survenues, jointes à une exécution aussi parfaite en ont prolongé la confection jusqu'à cette époque. Les ouvriers qui l'ont fabriqué ont tellement été trompés par la difficulté de l'ouvrage qu'ils ont tous exigé des suppléments de façons que nous n'avons pu leur refuser... Malgré cela, nous ne réclamons rien, sachant bien qu'un prix fait arrêté et signé, nous ne devons espérer aucun supplément de prix, cependant nous espérons que vous aurez égard en tout cela, ainsi qu'aux peines et soins que nous nous sommes donnés pour un meuble de cette richesse que nous avons fait tout au régulateur ce qui jusqu'ici avait été regardé comme impossible pour les grands brochés. » Gabriel Dutillieu mit au point son invention du régulateur pour le tissage des étoffes de soie vers 1809. Les étoffes pour meubles à grands dessins offraient beaucoup de difficulté aux tapissiers lorsqu'il était question d'en assembler les laizes et de faire accorder les parties correspondantes du dessin, à cause de l'irrégularité de la grosseur des trames et du broché et de l'inégalité des coups de battants au cours du tissage. L'invention permettait d'obtenir des dessins d'une grande régularité, « qui se raccorde comme s'il était imprimé sur planche », comme l'indique Alexandre Desmazis dans une lettre datée d'octobre 1811. L'invention de Gabriel Dutillieu, exécutée par le serrurier Estienne, fut présentée à la Société des Amis du Commerce et des Arts de Lyon en 1809. Cette Société, fondée à Lyon le 2 avril 1805 sur le modèle de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de Paris, était administrée par un bureau composé de six membres et par dix-sept conseillers dont faisait partie Gabriel Dutillieu. Le 27 juillet 1810, la Société décernait une médaille d'or à l'inventeur, et louait son sens de l'intérêt public, puisque Gabriel Dutillieu refusait de déposer un brevet pour son régulateur, espérant qu'il pourrait servir au plus grand nombre. L'exécution, au moyen de son mécanisme, d'une laize de soierie représentant Le Génie de la Fabrique lyonnaise, que conserve le musée des Tissus (inv. MT 2837), semble avoir suffisamment convaincu les fabricants de Lyon. En 1811, lorsque l'Empereur ordonne les grandes commandes pour l'aménagement du Palais de Versailles, les fabricants qui utilisent le régulateur de Dutillieu sont gratifiés d'une indemnité supplémentaire d'un franc par mètre d'étoffe. La maison Dutillieu et Théoleyre est évidemment la première à appliquer l'usage du régulateur pour les commandes impériales, pour des bordures en damas bleu et blanc à rinceaux de feuilles d'ornements et rosaces et des bordures en damas vert et or à feuilles d'acanthe, culots et ornements, dont le musée des Tissus conserve les esquisse gouachées (inv. MT 40602 et MT 40572), mais d'autres fabricants adoptent aussi l'invention, comme Jean-Pierre Seguin et Cie qui livre un damas jaune, violet et blanc à rosaces, abeilles et ornements (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1459 pour la tenture, GMMP 1813 pour la bordure) tissé au régulateur, Jean-Pierre Lacostat et Cie, pour un damas jaune et bleu à guirlandes de marguerites et coupes de fruits, et bien sûr la maison Bissardon, Cousin et Bony, qui réalise ici une véritable prouesse en livrant le premier meuble broché or tissé au régulateur de Dutillieu. Il faut dire que le dessin de la tenture était particulièrement ambitieux. Les laizes, une fois assemblées, devaient présenter, sur le fond de satin blanc, un premier réseau losangé formé par des rosettes encadrées de palmettes fleuries. Aux intersections de ce réseau prennent place de larges rosaces, formées par des tulipes au naturel et des feuilles de chêne or, disposées en palmettes, et enrichies d'ornements. Un second réseau losangé se superpose au premier. Il naît des mêmes rosettes, qui donnent naissance à de longs culots auxquels s'accrochent des guirlandes fleuries brochées en or, qui forment une sorte de médaillon hexagonal, dans lequel fleurit un bouquet de roses au naturel, lui-même enfermé dans une grande couronne de marguerite. Les raccords entre les laizes, pour que la disposition en quinconce des couronnes de marguerites et des rosaces soit efficace, sont particulièrement délicats. Près des lisières de la laize, on distingue, de part et d'autre de la rosace, les bouquets de myosotis qui enrichissent la couronne de marguerites et qui permettent ce raccord. C'est ce qui justifiait l'emploi du régulateur inventé par Dutillieu, pour que l'effet d'ensemble soit parfait. Une partie des étoffes était livrée le 12 novembre 1814. En janvier 1815, la totalité avait été reçue par le Garde-Meuble. Les étoffes subirent les vérifications d'usage, des échantillons étant exposés à l'air et au soleil entre le 26 novembre 1814 et le 29 janvier 1815. En avril 1815, les fabricants n'avaient toujours pas reçu le paiement de leur fourniture, soit cent six mille neuf cent soixante-douze francs. Amédée Chanal, sous-inspecteur du Mobilier, signale dans un rapport adressé à Jules Jean-Baptiste François de Chardebœuf, comte de Pradel, directeur général de la Maison du Roi, en date du 5 avril 1815, que les étoffes « étaient au moment d'être achevées à l'époque du 31 mars 1814, et quoiqu'elles ne fussent pas encore livrées, elles furent comprises dans l'état des sommes restantes à ordonnancer, pour les dépenses de la Maison de l'Empereur. Leur livraison a eu lieu postérieurement ; il n'en a pas été fait emploi et elles sont au Garde-Meuble. On avait proposé de les considérer, de même que tous les objets qui se trouvaient dans ce cas, comme une fourniture faite à la Maison du Roi, mais cette proposition n'ayant pas été approuvée, le paiement de la somme due à MM. Bissardon et Bony est resté suspendu comme celui de toutes les dettes de la Maison de l'Empereur. » Le 25 avril 1815, Bissardon et Bony demandaient leur paiement d'urgence, « leurs ouvriers [étant] obligés de vendre chaque jour une partie de leurs ustenciles (sic) pour subsister. » Ils reçurent une partie de leur paiement à la fin de 1815, mais le 16 mars 1816 ils réclamaient « 80 000 f qui leur étaient encore dus sur cette même fourniture. » Il est évident que les difficultés relatives à l'exécution de ce meuble et surtout les retards de paiement dues aux dettes de la maison de l'Empereur précipitèrent le terme de l'association de Jean-François Bony avec la maison Bissardon. Il fut effectif à la mort de Jean-Pierre Bissardon, en 1816. Les étoffes ne furent pas employées sous la Restauration. Sous Louis-Philippe, elles furent confiées au chasublier Biais Aîné et employées à la confection d'ornements liturgiques pour la cathédrale du Puy ou celle de Versailles, notamment. En 1878 et en 1925, la bordure douze pouces fut utilisée au Palais de l'Élysée pour encadrer deux paires de rideaux de satin damassé dans le Salon de l'Hémicycle (Salon Pompadour) ; en 1954, cette même bordure fut utilisée pour la confection de prie-Dieu, chaises, tentures et garniture d'autel de la chapelle du château de Rambouillet. Le musée des Tissus conserve également un élément de cette bordure douze pouces pour tenture, portières et cantonnières (inv. MT 36456.2). Maximilien Durand (fr)
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  • La crise qui frappe la Fabrique lyonnaise en 1810 est si préoccupante que la Chambre de Commerce de la ville envoie, à la fin de l'année, une délégation conduite par Gabriel Dutillieu auprès du ministre de l'Intérieur afin d'alerter l'Empereur et de l'inciter à prendre les mesures nécessaires pour maintenir la production. On sait les décisions que Napoléon Ier mit immédiatement en œuvre, parmi lesquelles celle de reprendre son projet d'aménagement du Palais de Versailles. Alexandre Desmazis, l'administrateur du Mobilier impérial, séjourne à Lyon en mars 1811 pour coordonner, avec la Chambre de Commerce et le préfet du Rhône, cette importante commission. Alexandre Brongniart, inspecteur du Mobilier impérial, exerce un contrôle systématique sur les dessins qu'il se donne le droit de modifier. Les soumissions présentées par les fabricants comprennent onze clauses indiquant notamment la nature du dessin, la qualité de la soie et des fils d'or, la qualité de la teinture, la réduction de l'étoffe et son poids, le prix et le délai de la livraison. À livraison, des échantillons de l'étoffe sont soumis à l'action de l'air et du soleil afin de vérifier la solidité des teintures, le dessin et la qualité d'exécution sont examinés par le vérificateur du Mobilier impérial, Mathurin Sulleau, ainsi que la conformité du poids des étoffes par rapport à la soumission. Un procès-verbal est rédigé, qui permet d'effectuer le paiement aux fabricants. Ce satin fut commandé à la maison Bissardon, Cousin et Bony pour la Chambre à coucher de l'Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles. On sait que Jean-François Bony, célèbre dessinateur de fabrique et brodeur, s'était déjà ponctuellement associé à André Bissardon à la mort de Camille Pernon pour exécuter des meubles façonnés destinés au Palais des Tuileries. En 1811, il renouvelle cette association, avec André Bissardon et son cousin Jean-Pierre Bissardon, dit « Bissardon-Lèques », du nom de son épouse, Jeanne-Catherine Lèques, en vue de pouvoir obtenir les prestigieuses commandes annoncées par l'Empereur pour l'aménagement du Palais de Versailles. Pour la Chambre de l'Impératrice Marie-Louise, il était prévu un meuble comprenant une tenture, des portières et des cantonnières fond satin blanc broché en dorure et soie nuée de diverses couleurs, le dessin représentant « une grande couronne de marguerites dans laquelle est un rosier et une rosace de fleurs impériales le tout lié par des ornements or et soie » ; des étoffes pour sièges, le dessin du dossier représentant un rosier dans une couronne de laurier, celui du siège une rosace de fleurs impériales dans une double couronne de reines marguerites et de laurier ; un écran en satin blanc, broché et brodé richement en dorure, nuance et chenille, dessin de rosier entre deux branches de feuilles et de fleurs ; des bordures pour tenture, portières et cantonnières (douze pouces), satin blanc broché en dorure et soie nuée, à bouquets de roses, guirlandes de marguerites, rosaces et ornements ; des bordures de lit (neuf pouces, six lignes), pareilles ; le talon de la bordure de tenture (quatre pouces) en satin blanc broché en dorure et soie nuée, à dessin de fleurs impériales, de feuilles d'acanthe et d'ornements ; et des bordures de sièges (trois pouces, un pouce neuf lignes ou un pouce trois lignes) pareilles, à dessin de suite de roses, rosaces et ornements. La soumission du 8 juin 1811 fut acceptée par Alexandre Desmazis le 14 et approuvée par Pierre Daru le 27 juin. Le temps accordé pour la fabrication était de dix-huit mois à compter de la réception de l'ordre d'exécution. Il fut largement dépassé. En décembre 1812, des échantillons de la première laize fabriquée étaient envoyés au Garde-Meuble. Ils firent l'objet d'un très long rapport d'observation, conservé aux Archives nationales, qui devait être consulté à la livraison des étoffes et lors de leur vérification. Ce rapport signalait notamment que : « l'effet général du meuble est obscur (...). Ce dessin n'est pas fait pour être placé perpendiculaire(men)t mais bien horizontale(men)t, soit plafond antique. (...) Partie or : l'or frisé et or filé sont trop légers ou très peu couvert, l'un et l'autre font l'effet de dorure d'impression. Voyez l'or employé aux meubles livrés par MM. Chuard, Grand frères, Seguin et Corderier et Cie, employez les mêmes dorures. (...) Les fleurettes des guirlandes seront mieux exécutées l'une en trait, l'autre en frisé ainsi que les boutons ou graines. Partie de soie couleur carmélite : cette couleur morte ne dit rien et nuit à l'effet du meuble. Ne serait-il pas mieux de substituer le vert qui est employé au groupe des tulipes (...). L'ombre portée aux guirlandes de fleurettes n'est pas aimable tel qu'il (sic) est en opposition des fleurettes qui seront mieux liserées ombrées couleur d'or foncé (...). Partie du dessin en soie nuée : (...) les roses sont trop rouges et trop foncées, les tulipes sont trop à la couleur ponceau. Serait-il possible de les faire de couleurs variées et moins dures à l'œil que le ponceau ? (...) Les marguerites qui composent la grande couronne sont d'un effet de couleur obscure trop égal. Il est bien désirable d'y faire tous les changements de couleur qui pourront la rendre cette partie plus aimable pour le coloris, la nature de cette fleur donnant tant d'effet agréable la consulter et limiter dans le clair et mélanger du blanc (...). Le talon de la bordure devrait porter avec lui au-dehors l'ornement du rais-de-cœur ou feuille d'eau en dorure qui tient à la grande bordure. » En conclusion, le rapporteur notait : « Peut-être le prix fixé pour l'étoffe de ce meuble ne permet-il pas l'emploi d'or plus fort. Mais ne faut-il pas mieux ajouter s'il le faut au prix de l'étoffe et la faire exécuter de manière plus riche et plus convenable à sa destination qui est la plus importante de tous ? » Les changements imposés par le Garde-Meuble retardèrent l'exécution de l'étoffe qui ne fut livrée qu'à la Restauration. C'est seulement le 5 septembre 1814 que Bissardon, Cousin et Bony annonçaient à Alexandre Desmazis que « le beau meuble fond satin blanc broché en soies nuées et en diverses dorures, destiné à la Chambre à coucher de Sa Majesté, au Palais de Versailles, sera entièrement achevé à la fin de ce mois, les diverses circonstances qui sont survenues, jointes à une exécution aussi parfaite en ont prolongé la confection jusqu'à cette époque. Les ouvriers qui l'ont fabriqué ont tellement été trompés par la difficulté de l'ouvrage qu'ils ont tous exigé des suppléments de façons que nous n'avons pu leur refuser... Malgré cela, nous ne réclamons rien, sachant bien qu'un prix fait arrêté et signé, nous ne devons espérer aucun supplément de prix, cependant nous espérons que vous aurez égard en tout cela, ainsi qu'aux peines et soins que nous nous sommes donnés pour un meuble de cette richesse que nous avons fait tout au régulateur ce qui jusqu'ici avait été regardé comme impossible pour les grands brochés. » Gabriel Dutillieu mit au point son invention du régulateur pour le tissage des étoffes de soie vers 1809. Les étoffes pour meubles à grands dessins offraient beaucoup de difficulté aux tapissiers lorsqu'il était question d'en assembler les laizes et de faire accorder les parties correspondantes du dessin, à cause de l'irrégularité de la grosseur des trames et du broché et de l'inégalité des coups de battants au cours du tissage. L'invention permettait d'obtenir des dessins d'une grande régularité, « qui se raccorde comme s'il était imprimé sur planche », comme l'indique Alexandre Desmazis dans une lettre datée d'octobre 1811. L'invention de Gabriel Dutillieu, exécutée par le serrurier Estienne, fut présentée à la Société des Amis du Commerce et des Arts de Lyon en 1809. Cette Société, fondée à Lyon le 2 avril 1805 sur le modèle de la Société d'encouragement pour l'industrie nationale de Paris, était administrée par un bureau composé de six membres et par dix-sept conseillers dont faisait partie Gabriel Dutillieu. Le 27 juillet 1810, la Société décernait une médaille d'or à l'inventeur, et louait son sens de l'intérêt public, puisque Gabriel Dutillieu refusait de déposer un brevet pour son régulateur, espérant qu'il pourrait servir au plus grand nombre. L'exécution, au moyen de son mécanisme, d'une laize de soierie représentant Le Génie de la Fabrique lyonnaise, que conserve le musée des Tissus (inv. MT 2837), semble avoir suffisamment convaincu les fabricants de Lyon. En 1811, lorsque l'Empereur ordonne les grandes commandes pour l'aménagement du Palais de Versailles, les fabricants qui utilisent le régulateur de Dutillieu sont gratifiés d'une indemnité supplémentaire d'un franc par mètre d'étoffe. La maison Dutillieu et Théoleyre est évidemment la première à appliquer l'usage du régulateur pour les commandes impériales, pour des bordures en damas bleu et blanc à rinceaux de feuilles d'ornements et rosaces et des bordures en damas vert et or à feuilles d'acanthe, culots et ornements, dont le musée des Tissus conserve les esquisse gouachées (inv. MT 40602 et MT 40572), mais d'autres fabricants adoptent aussi l'invention, comme Jean-Pierre Seguin et Cie qui livre un damas jaune, violet et blanc à rosaces, abeilles et ornements (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 1459 pour la tenture, GMMP 1813 pour la bordure) tissé au régulateur, Jean-Pierre Lacostat et Cie, pour un damas jaune et bleu à guirlandes de marguerites et coupes de fruits, et bien sûr la maison Bissardon, Cousin et Bony, qui réalise ici une véritable prouesse en livrant le premier meuble broché or tissé au régulateur de Dutillieu. Il faut dire que le dessin de la tenture était particulièrement ambitieux. Les laizes, une fois assemblées, devaient présenter, sur le fond de satin blanc, un premier réseau losangé formé par des rosettes encadrées de palmettes fleuries. Aux intersections de ce réseau prennent place de larges rosaces, formées par des tulipes au naturel et des feuilles de chêne or, disposées en palmettes, et enrichies d'ornements. Un second réseau losangé se superpose au premier. Il naît des mêmes rosettes, qui donnent naissance à de longs culots auxquels s'accrochent des guirlandes fleuries brochées en or, qui forment une sorte de médaillon hexagonal, dans lequel fleurit un bouquet de roses au naturel, lui-même enfermé dans une grande couronne de marguerite. Les raccords entre les laizes, pour que la disposition en quinconce des couronnes de marguerites et des rosaces soit efficace, sont particulièrement délicats. Près des lisières de la laize, on distingue, de part et d'autre de la rosace, les bouquets de myosotis qui enrichissent la couronne de marguerites et qui permettent ce raccord. C'est ce qui justifiait l'emploi du régulateur inventé par Dutillieu, pour que l'effet d'ensemble soit parfait. Une partie des étoffes était livrée le 12 novembre 1814. En janvier 1815, la totalité avait été reçue par le Garde-Meuble. Les étoffes subirent les vérifications d'usage, des échantillons étant exposés à l'air et au soleil entre le 26 novembre 1814 et le 29 janvier 1815. En avril 1815, les fabricants n'avaient toujours pas reçu le paiement de leur fourniture, soit cent six mille neuf cent soixante-douze francs. Amédée Chanal, sous-inspecteur du Mobilier, signale dans un rapport adressé à Jules Jean-Baptiste François de Chardebœuf, comte de Pradel, directeur général de la Maison du Roi, en date du 5 avril 1815, que les étoffes « étaient au moment d'être achevées à l'époque du 31 mars 1814, et quoiqu'elles ne fussent pas encore livrées, elles furent comprises dans l'état des sommes restantes à ordonnancer, pour les dépenses de la Maison de l'Empereur. Leur livraison a eu lieu postérieurement ; il n'en a pas été fait emploi et elles sont au Garde-Meuble. On avait proposé de les considérer, de même que tous les objets qui se trouvaient dans ce cas, comme une fourniture faite à la Maison du Roi, mais cette proposition n'ayant pas été approuvée, le paiement de la somme due à MM. Bissardon et Bony est resté suspendu comme celui de toutes les dettes de la Maison de l'Empereur. » Le 25 avril 1815, Bissardon et Bony demandaient leur paiement d'urgence, « leurs ouvriers [étant] obligés de vendre chaque jour une partie de leurs ustenciles (sic) pour subsister. » Ils reçurent une partie de leur paiement à la fin de 1815, mais le 16 mars 1816 ils réclamaient « 80 000 f qui leur étaient encore dus sur cette même fourniture. » Il est évident que les difficultés relatives à l'exécution de ce meuble et surtout les retards de paiement dues aux dettes de la maison de l'Empereur précipitèrent le terme de l'association de Jean-François Bony avec la maison Bissardon. Il fut effectif à la mort de Jean-Pierre Bissardon, en 1816. Les étoffes ne furent pas employées sous la Restauration. Sous Louis-Philippe, elles furent confiées au chasublier Biais Aîné et employées à la confection d'ornements liturgiques pour la cathédrale du Puy ou celle de Versailles, notamment. En 1878 et en 1925, la bordure douze pouces fut utilisée au Palais de l'Élysée pour encadrer deux paires de rideaux de satin damassé dans le Salon de l'Hémicycle (Salon Pompadour) ; en 1954, cette même bordure fut utilisée pour la confection de prie-Dieu, chaises, tentures et garniture d'autel de la chapelle du château de Rambouillet. Le musée des Tissus conserve également un élément de cette bordure douze pouces pour tenture, portières et cantonnières (inv. MT 36456.2). Maximilien Durand (fr)
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