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  • La jupe a été réalisée dans une soierie à décor de pagodes aux toits étagés ou incurvés, de ponts et de barrières, de vases et de papillons disposés, sans souci d’échelle ou de perspective, au milieu de végétations fantastiques. Un lé constitue l’avant du vêtement, deux pièces découpées dans la même soierie, assemblés de chaque côté, lui donnant sa forme trapézoïdale. Un sergé de soie vert bronze forme les deux pans arrière, non visibles quand la jupe habillait la statue, et un taffetas saumon constitue la doublure. Plus encore que son étrange décor de chinoiseries, c’est l’extraordinaire largeur du lé qui distingue cette soierie. Les lisières, rabattues sous la couture, ont été conservées, et le tissage avoisine les 80 cm. Ces dimensions excluent une production française, puisqu’elles ne correspondent pas au standard de 54 cm imposé à cette période, ou anglaise, puisqu’on ne connaît pas non plus de soierie britannique de cette largeur. C’est à la Hollande, et plus particulièrement aux manufactures amstellodamoises, qu’il convient de l’attribuer. Grâce aux indications de mesures contenues dans le volume d’échantillons des « Étoffes d’hollande » de la Collection Richelieu, à la Bibliothèque nationale de France, on sait que des étoffes de soie à motifs de chinoiseries étaient effectivement produites en grande largeur dans ce pays, durant la première moitié du XVIIIe siècle. Appelées « indiennes », elles étaient réalisées à l’imitation des soieries importées de Chine. Les motifs étaient empruntés aussi bien au domaine du tissu qu’à celui de la céramique ou au travail de la laque. La largeur des lés, conforme à celle des soieries chinoises véritables, contribuait à donner à ces tissages leur caractère exotique, qui ne se cantonnait pas aux simples sujets. Sur certains exemplaires, une pseudo-inscription tissée dans le chef de pièce donne même l’illusion d’une marque de manufacture chinoise. La présence d’une de ces pseudo-inscriptions dans l’album hollandais de la Collection Richelieu confirme que les manufactures d’Amsterdam ne se contentaient pas de réinterpréter les motifs, mais qu’elles tissaient des lés adoptant les principales caractéristiques de leurs modèles chinois, y compris les marques et les dimensions. Le musée des Tissus conserve plusieurs exemplaires de ces étoffes hollandaises avec des décors de chinoiseries et des inscriptions dans des cartouches (par exemple inv. MT 34468.3 ou MT 44710). L’un d’eux, tissé vers 1735, offre des similitudes avec la jupe de statue par ses coloris, l’agencement de sa composition ou l’interprétation des sources extrême-orientales, fleurs, vases, architectures de fantaisie et papillons (inv. MT 31449). Un autre exemple de satin liseré et broché sur fond vert, lui aussi au musée des Tissus (inv. MT 31504), présente un décor de fantaisie comprenant des bateaux en forme de dragons, des pagodes, des vases, des coffres remplis d’objets précieux et des bannières disposés dans des végétations. Comme sur le tissu de la jupe de statue, les prototypes chinois ont été réinterprétés par les ornemanistes européens, qui livrent la vision la plus bizarre d’un Orient rêvé comme un empire de l’extravagance. Cette soierie, avec d’autres très comparables conservées à Londres, à Krefeld ou à Riggisberg, a été datée vers 1735 et attribuée à Amsterdam. Depuis la création de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales en 1602, les produits extrême-orientaux étaient vendus dans cette ville. Ils pouvaient donc aussi aisément y être copiés. C’est à Amsterdam également qu’ont été imprimés et diffusés des ouvrages comme La Chine illustrée du jésuite Athanase Kirchner et le récit de Johan Nieuhoff relatant une expédition commerciale des Hollandais (1665). Des planches de chinoiseries gravées circulaient, celles de Jacques II de Lajoüe, Alexis Peyrotte et François-Thomas Mondon ou celles proposées par Petrus Schenk le Jeune en 1725 dans ses Nieuw geinventeerde Sineesen. En vogue dans toute l’Europe, la mode des chinoiseries assura le succès des « indiennes » de Hollande. La qualité des exemplaires identifiés dans les collections publiques vient contredire l’appréciation de Jacques Savary des Bruslons qui, dans son Dictionnaire universel de commerce publié en 1723, prétend que : « avant la révocation de l’Édit de Nantes, & le passage des Refugiez François en Hollande, les Manufactures d’Amsterdam etoient peu de choses : elles y sont présentement en assez grand nombre & assez considérables ; mais toujours beaucoup inférieures à celles de France pour la qualité des marchandises qui s’y fabriquent. » L’indéniable préciosité de ces satins liserés et brochés explique que ces étoffes aient été employées pour confectionner des ornements liturgiques de premier ordre. Un pluvial de la Fondation Abegg à Riggisberg, réalisé entre 1733 et 1740 (inv. 4430), et un second, au musée d’Art sacré de Rocamadour (inv. 95M93), ont conservé les fameuses inscriptions dans des cartouches. Un autre pluvial de la Fondation Abegg a été attribué au groupe des soieries réalisées vers 1735 et à Amsterdam par la dimension de ses lés, de 81,5 cm de large (inv. 5003). On peut encore y ajouter un dernier pluvial, conservé au musée des Tissus, constitué de lés de satin broché et liseré à décor de chinoiseries sur fond vert de 78 à 80 cm de large (inv. MT 44328). On ne s’étonnera pas qu’une de ces prestigieuses « indiennes » ait également servi à vêtir une effigie de la Vierge. Maximilien Durand (fr)
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