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  • Ce panneau de tenture a été réalisé pour le cabinet de toilette de l'impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles par les fabricants Bissardon, Cousin et Bony. Le musée des Tissus conserve également un élément de la bordure sept pouces pour tenture et rideaux de ce même ensemble (inv. MT 33577). La tenture faisait partie de la grande commande de 1811, visant à la fois à remeubler Versailles en tant que résidence impériale et à « donner pendant la présente année du travail aux fabriques de Lyon », comme l’indique le troisième article du décret qui lui est lié. Déjà dans les années précédentes, l’empereur avait été attentif à favoriser la production lyonnaise – source d’emplois et de richesse nationale – et à tenter d’éviter les importations de tissus qui profitaient au commerce britannique. L’idée de remeubler Versailles remontait à 1806, mais la majeure partie des commandes alors envisagées pour ce palais fut rapidement annulée. Le projet n’était d’ailleurs pas précis : Napoléon ne prévoyait pas d’habiter Versailles dans l’immédiat, et les commandes étaient conçues « de manière à les rendre au besoin, propres à l’ameublement de tout autre Palais ». En 1810, l’empereur constitua un fonds de six millions pour Versailles, dont deux serviraient à payer les soieries lyonnaises. Cette somme extrêmement importante devait être répartie entre les fabricants : sur un montant final, fixé en 1811, de un million sept cent quarante-six mille vingt-six francs, cent quatre-vingt-neuf mille neuf cent quatre-vingt-seize francs soixante furent alloués à des commandes passées à Bissardon, Cousin et Bony. Seule la maison Grand frères, héritière de Camille Pernon, obtint une portion supérieure. Il semble toutefois que le projet architectural n’était toujours pas fixé : en janvier 1811, sept plans différents furent présentés pour le réaménagement du Palais, sans qu’une décision ne soit prise. Napoléon changea aussi d’avis au sujet des dépenses, et les devis pouvaient maintenant dépasser de loin les six millions initialement prévus, afin de donner une grandeur nouvelle au bâtiment en lui offrant notamment une façade néoclassique du côté de Paris. Dans ce contexte, il est difficile de savoir si les soieries étaient prévues pour des emplacements précis. Il est vrai que chaque commande déclarait le nom et la fonction de la pièce dans laquelle seraient utilisés les tissus, et donnait des mesures très précises, ce qui laisserait penser que le plan de certains appartements, au moins, était fixé. En revanche, on demanda souvent des modifications des dimensions en cours de fabrication (la tenture à laquelle se rapporte ce fragment passa de soixante-quinze mètres à quatre-vingt-sept mètres quatre-vingts), ce qui implique au moins une incertitude sur la pièce prévue. On critiqua, par exemple, le fait que, dans la tenture brodée de Bissardon et Bony pour le troisième salon du Petit Appartement de l’impératrice, dont le musée des Arts décoratifs possède deux dessins préparatoires (inv. MAD 2012.2.1 et MAD 2012.2.2), la guirlande sommitale était exécutée sur le même tissu que le reste de la tenture : « Il Eut été Mieux de les faire Séparé (sic) afin de fixer à volonté la hauteur en Raison de l’apt prévu. » La particularité de la tenture commandée pour le cabinet de toilette de l'impératrice est qu’elle ressemble à une application de dentelle sur un fond tissé, alors qu’elle est entièrement tissée. Lors de son séjour à Lyon en 1814, la duchesse d’Angoulême visita l’atelier de Bissardon et Bony et s’intéressa surtout à cette tenture dont on lui montra un échantillon : « Dans le nombre des étoffes dont la fabrication a le plus frappé l’attention de S[on] A[ltesse] R[oyale], s’en trouve une dont le fond est satin, et sur laquelle est brochée une dentelle si artistement faite, que l’on ne peut se persuader qu’elle n’ait pas été appliquée sur l’étoffe après la fabrication. S[on] A[ltesse] R[oyale] en a exprimé sa surprise en annonçant qu’elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau. » Ce tissu fut aussi remarqué un mois plus tard par Monsieur, frère de Louis XVI et de Louis XVIII, le futur Charles X : « Le prince a vu avec intérêt, chez M. Bony, une étoffe pour meuble qui avoit déjà été montrée à Madame, duchesse d'Angoulême. Le dessin, exécuté sur un fond pourpre-clair, présente une riche dentelle fabriquée en même temps que l’étoffe, et dont l’illusion étoit si complète, que l’on croiroit que la dentelle a été appliquée sur l’étoffe après la fabrication. » L’importance accordée aux manufactures de tissus, et notamment à celle de Bissardon et Bony, par les membres de la famille royale et les chroniqueurs de leurs visites est particulièrement significative. De plus, dans le récit de la visite de Monsieur, on parle uniquement de Bony à l’exclusion de son associé, certainement en raison de la célébrité qu’il avait atteinte en tant que brodeur. La tenture pour Versailles, déjà livrée en 1813, n’était évidemment plus sur le métier lors de ces visites. Mais la qualité d’exécution de ce lampas fond satin lancé et du dessin de dentelle en trompe-l’œil avaient fait choisir aux fabricants d’en montrer un échantillon à ces visiteurs de marque comme particulièrement représentatif de leurs productions les plus remarquables. La technique de production des soieries était tenue en haute importance : les prix délivrés lors des Expositions des produits de l’industrie française récompensaient plus souvent la qualité de fabrication que la beauté du dessin des tissus. Jean-François Bony, cependant, reçut en 1806 une médaille d’argent de deuxième classe, pour « des broderies remarquables par leur beauté ». Il existe de nombreux exemples de tissus exécutés durant les années précédentes sur lesquels figure, en trompe l’œil, un autre tissu : il s’agissait probablement à la fois d’un exercice de virtuosité et d’une recherche esthétique. On en relève parmi les œuvres attribuées à Bony et son entourage (inv. MT 24783.1, MT 26961, MT 2829, MAD 2012.2.1, MT 8611) et parmi celles d’autres fabricants (inv. MT 20853). Ces dessins sont souvent complexes, reproduisant en deux dimensions l’image de draperies, d’un tissu flottant au vent, ou même l’évocation de plusieurs plans (inv. MT 2829) – contrairement à celui du cabinet de l'impératrice, où la dentelle semble appliquée. Mais ils sont toujours brodés, alors que la tenture pour Versailles est entièrement tissée. Une œuvre comparable, exécutée par Camille Pernon pour un salon de la reine Marie-Louise d’Espagne au Prado de Madrid, d’après un dessin de Jean-Démosthène Dugourc (inv. MT 24800, dessin MT 27033.4) représente également un trompe-l’œil de dentelle, mais elle donne aussi l’illusion d’une légère ondulation du volant inférieur. Le dessin des tentures des commandes napoléoniennes était très strictement contrôlé : les fabricants devaient être en contact avec l’administration du Mobilier impérial « afin de ne présenter que des dessins d’un genre convenable, parfaitement bien composés et susceptibles d’être agréés sans difficultés » et l’architecte Alexandre-Théodore Brongniart, inspecteur du Mobilier impérial, devait approuver les modèles. Il lui arrivait de renvoyer les dessins plusieurs fois pour modifications, de les corriger lui-même, et parfois de fournir un dessin de sa propre main aux fabricants. Ceci explique l’homogénéité des ornements figurant sur les étoffes des commandes impériales, y compris sur cette tenture à effet de dentelle. Son dessin représente « une mosaïque Par Des couronnes de fleurs imitant la Riche dentelle, ayant une filoche dans le fond », « de 2 composition l’une Bouquet de fleurs droit, deux palmes dans un cerceaux composé de fleurettes, diamètre de 17 pouces, l’autre, Sujet de Rosettes dans un triangle, alternativement liés par des couronnes de 11 à 12 cm. Sur les liserés en Rinceaux sont des Rosettes triangulaires composé de fleurettes. » Le motif a connu une certaine fortune, comme en témoigne son édition, en papier peint, par la manufacture Zuber en 1831. La connotation de genre associant la dentelle à la féminité n’existait pas sous l’Ancien Régime. Dès les années précédant la Révolution, cependant, les dentelles n’étaient plus à la mode. Napoléon souhaitait encourager cette production de luxe, pour des raisons économiques, mais aussi de prestige (comme pour les soieries lyonnaises) : il portait donc lui-même des dentelles (on les voit notamment dans son costume de sacre) et les rendit obligatoires à la tenue de cour. Mais les hommes ne souhaitaient pas en mettre quand ils n’y étaient pas obligés : il semble donc que la connotation de genre actuelle, associant les dentelles à la féminité, soit précisément apparue pendant ces années. Desmond-Bryan Kraege (fr)
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