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| - Trois fragments d’un coussin funéraire sont dispersés entre le musée des Tissus et le musée du Louvre (inv. E 29188). Ils proviennent de la tombe B 112. L’étoffe est un taqueté façonné, réalisé au moyen de laine de torsion Z, en chaîne et en trame. La proportion entre les fils de chaîne pièce et les fils de liage est équivalente, de une pour une, et le décor est réalisé au moyen de deux lats, lattés, une trame se substituant périodiquement à une autre pour varier la coloration des effets. Le décor présente donc cinq couleurs, blanc, jaune, bleu foncé, rouge et vert. Il est constitué de deux bordures symétriquement opposées aux extrémités de la laize. Entre trois bandes de grecques blanches sur fond rouge courent un rinceau feuillu stylisé blanc sur fond vert et une ligne blanche de postes sur fond bleu. Le champ central, sur fond bleu également, est entièrement semé de feuilles stylisées, disposées en quinconce, et de pois jaunes. Au-delà des bordures, une bande de tissage en chevron sens chaîne, avec changement de direction de la diagonale du sergé sens trame, crée des losanges ton sur ton. Elle est jaune d’abord, puis blanche, et se termine en louisine. Les chaînes pièce et liage travaillent en effet comme une seule chaîne dans cette zone. L’efficacité de la composition sur cet exemplaire avait incité Jules-Paul Gérard à le reproduire à l’aquarelle. La peinture est conservée au musée du Louvre.
Grâce aux deux fragments jointifs du musée du Louvre, on peut restituer la hauteur totale de la laize, une cinquantaine de centimètres environ. Malgré la présence d’une lisière sur les fragments parisiens et sur un des fragments lyonnais, il est néanmoins impossible d’en connaître la largeur. L’extrémité du tissage est bordée d’un repli maintenu par une couture grossière au point de surjet. Par comparaison avec d’autres exemplaires (inv. MT 26812.21 et MT 26812.20), on peut supposer que l’étoffe était pliée en deux dans le sens longitudinal, rembourrée et cousue au point de surjet. La laine de torsion Z, la proportion des chaînes pièce et liage, le nombre de lats et l’ordre de leur passage, la densité des fils, en chaîne et en trame et les caractéristiques des bords de début et de fin de tissage sur cet exemplaire sont comparables à ceux qui caractérisent d’autres coussins en taqueté façonné exhumés dans la nécropole B, comme celui découvert dans la tombe 117 (inv. MT 26812.20) avec une « tête de jeune fille, visage légèrement coloré de jaune ; coiffure Tanagra, yeux d’émail enchâssés dans une monture en pâte de verre lapis. » Albert Gayet affirme d’ailleurs avoir découvert le même type de matériel dans ces sépultures. L’exposition de 1898 présentait, dans la onzième vitrine, un « masque de femme, visage doré, chevelure ondulée, lourd chignon natté, yeux d’émail, enchâssés dans une monture de pâte de verre lapis », et, dans la treizième vitrine, un « Horus portant le doigt à sa bouche, bronze », qui provenaient de la tombe B 112.
Des analyses récentes ont caractérisé les particularités techniques du groupe et révélé une même tradition de tissage. Elles ont été accompagnées de datations au radiocarbone qui situe la production de ces taquetés entre le IVe siècle et le début du VIIe siècle. L’exemplaire issu de la tombe B 117 et celui de la tombe B 112 ont un âge qui les place aux extrémités opposées de la fourchette chronologique, le premier ayant pu être produit entre 320 et 430, le second, entre 535 et 620.
Maximilien Durand (fr)
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