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| - La réputation de Michel-Marie Carquillat l'avait précédé en Angleterre, comme en témoigne un article qui est consacré à son tableau tissé La Visite du duc d'Aumale dans l'atelier de M. Carquillat à Lyon (inv. MT 24735) publié dans The Engineer and Machinist en 1850. C'est précisément ce tableau qu'il présente à l'Exposition universelle de Londres, en 1851, en compagnie du Portrait du pape Pie IX (inv. MT 24579). Mais un autre exposant lui donne l'occasion de produire une nouveauté. La maison Potton, Rambaud et Cie lui a commandé un Portrait de la famille royale d'après le tableau conservé dans les collections royales d'Angleterre, réalisé par Franz Xaver Winterhalter. Sur la toile d'origine, peinte en 1846, la reine Victoria et le prince Albert sont en compagnie de leurs cinq aînés, Vicky, Bertie, Alice, Alfred et Helena. La maison Potton, Rambaud et Cie n'a retenu que Bertie (Albert Edward), le prince de Galles, futur Édouard VII. Les Anglais furent très sensibles à l'hommage fait à la famille de Sa Majesté par les fabricants lyonnais. Ils furent impressionnés par le trompe-l'oeil de gravure, la qualité d'exécution et la virtuosité de la mise en carte, qui a mobilisé sept dessinateurs pendant trente semaines. Trois exemplaires seulement pouvaient être tissés par semaine, par deux tisseurs se relevant toutes les deux heures, constamment sous la direction d'un contremaître. Chaque tableau coûtait environ cinq mille francs. La critique française, en la personne d'Adolphe-Jérôme Blanqui, est moins enthousiaste, plus habituée, peut-être, au procédé de Carquillat : « Je ne parlerai que pour mémoire d'une galanterie faite à la maison royale d'Angleterre par la maison Potton et Rambaud : ce sont trois tableaux exécutés en soie sur le métier par le procédé Maissiat (sic), d'après Winterhalter, représentant la reine Victoria, le prince Albert et un de leurs enfants. Il y a aussi un portrait du pape, d'après le même procédé, sortant de la fabrique de M. Carquillat. Ces peintures au métier sont de véritables tours de force, qui prouvent seulement de quoi la navette est capable ; mais je ne les admire pas autant que les tableaux des Gobelins, qui ne seront jamais des produits industriels, et qui laisseront toujours quelque chose à désirer comme oeuvres d'art » (Adolphe-Jérôme Blanqui, Lettres sur l'Exposition universelle de Londres, précédées d'un préambule et suivies du rapport présenté à l'Institut national de France par M. Blanqui..., Paris, 1851, Lettre onzième, p. 135). Le musée d'Art et d'Industrie de Saint-Étienne conserve un autre exemplaire de ce tissage (inv. 95.72.11T).
Maximilien Durand (fr)
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