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  • Fragment de bordure pour tenture et rideaux pour un salon de Prince au Palais de Versailles (fr)
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  • Cette bordure, en velours simple corps brun coupé, fond satin jaune couleur d'or, est ornée d'un courant de primevères nuées lilas et vert avec des ornements, le talon comportant des culots. Le musée des Tissus conserve aussi l'esquisse à la gouache de Jean-François Bony pour cette bordure (inv. MT 40476), exécutée par la maison Dutillieu et Théoleyre pour un salon de prince au Palais de Versailles. La soumission pour cette bordure destinée à une tenture et à des rideaux d'un salon de prince au Palais de Versailles, pour les bordures pour sièges qui l'accompagnaient et pour une tenture en taffetas fond blanc chiné en plusieurs couleurs à losanges formés par un courant de lierre contenant quatre fleurs différentes, destiné à dix salons du même Palais, est datée du 8 mars 1812. Elle fut acceptée par Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier impérial, le 10 mars et approuvée le lendemain par Jean-Baptiste de Nompère de Champagny, duc de Cadore. Le temps accordé pour la fabrication était de douze mois à partir du jour de la réception de l'ordre d'exécution. Les étoffes étaient expédiées de Lyon le 31 mars 1813. À la livraison, elles subirent les vérifications d'usage et des échantillons furent exposés à l'air et au soleil avec succès, du 15 avril au 15 mai 1813. Elles ne furent cependant jamais utilisées sous l'Empire, ni même après. Leur seule utilisation fut en 1910 à la Malmaison, pour encadrer les rideaux et les portières du Salon de Musique de l'Impératrice.  Une bibliographie récente veut que cette bordure soit « le prototype d'une nouvelle contexture créée à Lyon à cette occasion, le velours Gandin. Pour cette commande, datée de 1812, le directeur du Garde-Meuble avait prié le fabricant Dutilleu (sic) et Théoleyre de tenter d'introduire dans le velours des trames colorées permettant d'évoquer des fleurs de primevère, ce qui ne s'était jamais fait auparavant, le décor des velours façonnés étant toujours dû à une chaîne spéciale dite chaîne de poil. Après moult essais infructueux, le chef d'atelier de cette maison trouva la solution ; cependant, quelque peu orgueilleux et plutôt bougon, il refusa toute explication. Déconcertés par cette attitude, les autres tisseurs se bornèrent à commenter dans leur jargon le résultat, en disant : il a trouvé le gandin, ce qui signifiait : il a réussi. Le mot est resté, et le terme gandin également, remplaçant celui de velours sans pareil ou de velours liseré » (Soies tissées, soies brodées chez l'impératrice Joséphine, Rueil-Malmaison musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, 2002, p. 26). La légende du chef d'atelier de la maison Dutillieu et Théoleyre a été reprise littéralement dans toutes les publications ultérieures de cette bordure, désormais considérée comme le prototype du « velours Gandin ». Naguère, la bordure a même été décrite comme un « velours chiné par la trame dit velours Gandin » (Quand Lyon dominait le monde. Les soyeux lyonnais aux Expositions des produits de l'industrie nationale et aux Expositions universelles, 1798-1900, Lyon, 2010, p. 46), qualification erronée basée sur une mauvaise interprétation du compte rendu de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1823, durant laquelle Gabriel Dutillieu a été gratifié d'une médaille d'or. Le Rapport sur les produits de l'industrie française présenté au nom du jury central à S. E. M. le comte Corbière, ministre secrétaire d'État de l'Intérieur publié par Louis-Étienne-François Héricart de Thury et Pierre-Henri Migneron, en 1824, sur cette Exposition rappelle, en effet, que « M. Dutilleu (sic), à Lyon (Rhône) est l'inventeur du régulateur (...) ; on lui doit aussi l'application de la chine par la trame, et une multitude de procédés ingénieux dont se sont emparées toutes les fabriques de Lyon. Il a exposé des veloutés, des étoffes figurées, d'une exécution et d'un goût parfaits ; des satins gaufrés, des velours bouclés et des velours pour gilets, de dessins très recherchés. Tous ces produits, qui sont d'une exécution parfaite et d'un goût pur, annoncent un très habile fabricant. M. Dutilleu (sic) avait reçu, en 1806, une médaille d'argent ; le jury lui a décerné une médaille d'or » (p. 67). Gabriel Dutillieu (1757-1828) est, en effet, une grande figure de l'innovation pour la Fabrique lyonnaise du premier quart du XIXe siècle. Son activité de fabricant d'étoffes de soie commence en 1786, quand il s'associe avec Jean Rostaing, François Debard et Nicolas Théoleyre. En 1795, Jean Rostaing se retire du commerce et la maison prend la raison sociale Debard, Dutillieu et Théoleyre. Lors du passage à Lyon du Premier Consul, c'est elle qui est choisie pour lui présenter un métier à façonné, monté dans les magasins du 8, quai Saint-Clair, et le 26 nivôse an X (16 janvier 1802), Napoléon Bonaparte assiste au tissage d'un écran de velours coupé double corps fond reps, timbré du chiffre « B » et orné d'un décor allégorique comportant des cornes d'abondance, une couronne de laurier, des épis et des trompettes de la Renommée, et accompagné de la légende « Fait en présence du Premier Consul à Lyon le 26 nivôse an X », dont le musée des Tissus possède un exemplaire (inv. MT 23496). Gabriel Dutillieu marque un intérêt tout particulier, dès cette période, pour les perfectionnements qu'il est possible d'apporter au métier à tisser et les innovations possibles dans le tissage des façonnés. Il est en relation étroite avec Joseph-Marie Jacquard. Il dépose un brevet, le 20 novembre 1807, pour cinq ans, au bénéfice de la maison Debard, Théoleyre et Dutillieu, dont l'objet était la fabrication des « velours chinés réduits », où « se trouve le mérite d'imiter dans la fabrication la finesse du burin ». Le musée des Tissus possède plusieurs exemplaires de ces velours, réalisés selon ce procédé, sous la Restauration (inv. MT 2160.1, MT 2160.2 et MT 31508). Ce sont ces velours qui sont évoqués dans le compte rendu de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1823. En 1808, François Debard se retire des affaires. La raison sociale de la maison devient Dutillieu et Théoleyre. En 1809, Gabriel Dutillieu et Nicolas Théoleyre déposent un nouveau brevet de cinq ans pour une peluche de soie imitant la fourrure d'astrakan. C'est vers ce moment aussi que Gabriel Dutillieu met au point son invention du régulateur pour le tissage des étoffes de soie. Pour démontrer l'efficacité de son invention, Gabriel Dutillieu fait réaliser, en 1809, une étoffe façonnée à décor allégorique, représentant Le Génie de la Fabrique lyonnaise, dont le musée des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 2837). Gabriel Dutillieu n'a pas souhaité protéger cette invention par un brevet pour qu'elle profite à la Fabrique, renonçant ainsi aux bénéfices qu'il pouvait en tirer. Lorsque la crise de 1810 frappe la Fabrique lyonnaise, il est désigné, avec Dominique Mottet de Gérando et Joseph Maillé, fabricant d'unis, et Edme-Jacques Mémo, fabricant d'étoffes de coton, pour exposer la situation au ministre de l'Intérieur et lui remettre un Mémoire dans lequel était présentée la situation de la Fabrique et les moyens d'y remédier. L'Empereur prit les mesures qu'on connaît pour relever la Fabrique lyonnaise, tout en renouant avec son projet de remeubler Versailles. Parmi les fabricants sélectionnés pour fournir des meubles tissés pour l'aménagement du Palais, Fournel père et fils, qui reçoit une seule commande, un damas bleu et or à feuilles de lierre, couronnes de roses et papillon pour un premier salon de l'Empereur à Versailles, s'engage, en 1811, à réaliser l'étoffe « sur les métiers à régulateur dont Monsieur Dutillieu est l'inventeur et par le moyen desquels la hauteur de chaque partie du dessin est toujours parfaitement égale. » En 1811, Dutillieu et Théoleyre reçoivent évidemment aussi plusieurs commandes, dont certaines sont réalisées, à la demande du Garde-Meuble, sur des métiers équipés du régulateur. La maison Dutillieu et Théoleyre reçoit une indemnité supplémentaire pour l'utilisation de ces métiers à régulateur, dans un souci impérial de promotion de l'innovation. C'est en 1812 qu'est réalisée la bordure en « velours Gandin ». Elle constitue, certes, un progrès, mais notons que le 30 avril 1812, la maison J.-P. Seguin et Cie présentait une soumission pour des bordures en velours nuée coupé ciselé et frisé, fond satin jaune, dessin à « entrelacs de feuilles d'acanthe coloriée, au milieu une plante de marguerite » (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 21276/1, GMMP 21 276/2, GMMP 21 276/3 et GMMP 21 276/4), qui présentent exactement la même particularité technique, mais avec un velours ciselé (à la fois frisé et ciselé). La légende du chef d'atelier « orgueilleux » et « bougon », avare de renseignements sur les procédés qu'il utilise, ne semble pas être fondée. Elle trouve son origine dans le quatrième tome du Dictionnaire général des Tissus anciens et modernes de Jean Bezon, publié à Lyon en 1859. L'auteur rapporte, dans une note de bas de page : « Une maison de fabrique de Lyon avait été chargée par le Directeur du Garde-Meubles (sic) de Paris de l'exécution de certains dessins pour lesquels il fallait le secours d'une trame spéciale, afin de produire les liserés sur fond satin et contournant les effets velours. Cette entente de tissus était alors sans précédent, et venait ainsi créer un nouveau genre d'étoffe. Il s'agissait donc de trouver les moyens de produire ces effets par ensemble ; c'est-à-dire de faire en même temps du velours, du satin et du liseré. Le chef de la maison de fabrique chargea plusieurs des ouvriers qu'il occupait de faire des essais pour atteindre le résultat désiré. On se livra à une foule d'essais infructueux. Enfin, un chef d'atelier arriva, par un montage de métier spécial, à résoudre le problème proposé ; c'est-à-dire, à produire les effets que l'on avait voulu obtenir. Il paraîtrait que ce chef d'atelier, peu communicatif de sa nature, fit mystère des combinaisons à l'aide desquelles il avait réussi ; on cherche inutilement à le faire parler ; il persista dans son silence. C'est pour cela que les autres ouvriers, piqués de la réserve de leur confrère, se dirent entre eux : Il a trouvé le gandin. L'expression de gandin, tout à fait locale, mais significative dans sa trivialité, voulait dire : Il a vaincu la difficulté. Quoi qu'il en soit, le mot de gandin fit fortune, si bien que l'on donna la dénomination de velours gandin au genre de velours que nous décrivons ici. Le fait que nous venons de relater à propos de ce tissu se passa au commencement de ce siècle » (p. 90). C'est presque mot pour mot l'anecdote qui a été appliquée à la description de la bordure de la maison Dutillieu et Théoleyre. Les Archives nationales, pas plus que celle du Mobilier national, ne conservent d'ailleurs la trace de ce défi technique lancé par le directeur du Garde-Meuble. Même sans être le prototype du velours Gandin, la bordure est une pièce remarquable par l'usage, inhabituel à cette époque, de deux lats de lancé dont un latté, permettant l'exécution du courant de primevères nuées lilas et vert, conjointement à l'exécution d'un velours coupé sur fond satin. Le meuble livré réserve le velours brun pour les ornements et les culots du talon. La dominante de la bordure est donc donnée par le fond de satin jaune d'or, comme sur l'esquisse approuvée par Alexandre-Théodore Brongniart. Sur l'exemplaire du musée des Tissus, c'est le velours coupé qui constitue le fond de la bordure, les culots et les ornements apparaissant en satin jaune. Peut-être s'agit-il ici d'un essai, pour démontrer l'efficacité du montage du métier ou pour être soumis au commanditaire. Maximilien Durand (fr)
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  • Cette bordure, en velours simple corps brun coupé, fond satin jaune couleur d'or, est ornée d'un courant de primevères nuées lilas et vert avec des ornements, le talon comportant des culots. Le musée des Tissus conserve aussi l'esquisse à la gouache de Jean-François Bony pour cette bordure (inv. MT 40476), exécutée par la maison Dutillieu et Théoleyre pour un salon de prince au Palais de Versailles. La soumission pour cette bordure destinée à une tenture et à des rideaux d'un salon de prince au Palais de Versailles, pour les bordures pour sièges qui l'accompagnaient et pour une tenture en taffetas fond blanc chiné en plusieurs couleurs à losanges formés par un courant de lierre contenant quatre fleurs différentes, destiné à dix salons du même Palais, est datée du 8 mars 1812. Elle fut acceptée par Alexandre Desmazis, administrateur du Mobilier impérial, le 10 mars et approuvée le lendemain par Jean-Baptiste de Nompère de Champagny, duc de Cadore. Le temps accordé pour la fabrication était de douze mois à partir du jour de la réception de l'ordre d'exécution. Les étoffes étaient expédiées de Lyon le 31 mars 1813. À la livraison, elles subirent les vérifications d'usage et des échantillons furent exposés à l'air et au soleil avec succès, du 15 avril au 15 mai 1813. Elles ne furent cependant jamais utilisées sous l'Empire, ni même après. Leur seule utilisation fut en 1910 à la Malmaison, pour encadrer les rideaux et les portières du Salon de Musique de l'Impératrice.  Une bibliographie récente veut que cette bordure soit « le prototype d'une nouvelle contexture créée à Lyon à cette occasion, le velours Gandin. Pour cette commande, datée de 1812, le directeur du Garde-Meuble avait prié le fabricant Dutilleu (sic) et Théoleyre de tenter d'introduire dans le velours des trames colorées permettant d'évoquer des fleurs de primevère, ce qui ne s'était jamais fait auparavant, le décor des velours façonnés étant toujours dû à une chaîne spéciale dite chaîne de poil. Après moult essais infructueux, le chef d'atelier de cette maison trouva la solution ; cependant, quelque peu orgueilleux et plutôt bougon, il refusa toute explication. Déconcertés par cette attitude, les autres tisseurs se bornèrent à commenter dans leur jargon le résultat, en disant : il a trouvé le gandin, ce qui signifiait : il a réussi. Le mot est resté, et le terme gandin également, remplaçant celui de velours sans pareil ou de velours liseré » (Soies tissées, soies brodées chez l'impératrice Joséphine, Rueil-Malmaison musée national des châteaux de Malmaison et de Bois-Préau, 2002, p. 26). La légende du chef d'atelier de la maison Dutillieu et Théoleyre a été reprise littéralement dans toutes les publications ultérieures de cette bordure, désormais considérée comme le prototype du « velours Gandin ». Naguère, la bordure a même été décrite comme un « velours chiné par la trame dit velours Gandin » (Quand Lyon dominait le monde. Les soyeux lyonnais aux Expositions des produits de l'industrie nationale et aux Expositions universelles, 1798-1900, Lyon, 2010, p. 46), qualification erronée basée sur une mauvaise interprétation du compte rendu de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1823, durant laquelle Gabriel Dutillieu a été gratifié d'une médaille d'or. Le Rapport sur les produits de l'industrie française présenté au nom du jury central à S. E. M. le comte Corbière, ministre secrétaire d'État de l'Intérieur publié par Louis-Étienne-François Héricart de Thury et Pierre-Henri Migneron, en 1824, sur cette Exposition rappelle, en effet, que « M. Dutilleu (sic), à Lyon (Rhône) est l'inventeur du régulateur (...) ; on lui doit aussi l'application de la chine par la trame, et une multitude de procédés ingénieux dont se sont emparées toutes les fabriques de Lyon. Il a exposé des veloutés, des étoffes figurées, d'une exécution et d'un goût parfaits ; des satins gaufrés, des velours bouclés et des velours pour gilets, de dessins très recherchés. Tous ces produits, qui sont d'une exécution parfaite et d'un goût pur, annoncent un très habile fabricant. M. Dutilleu (sic) avait reçu, en 1806, une médaille d'argent ; le jury lui a décerné une médaille d'or » (p. 67). Gabriel Dutillieu (1757-1828) est, en effet, une grande figure de l'innovation pour la Fabrique lyonnaise du premier quart du XIXe siècle. Son activité de fabricant d'étoffes de soie commence en 1786, quand il s'associe avec Jean Rostaing, François Debard et Nicolas Théoleyre. En 1795, Jean Rostaing se retire du commerce et la maison prend la raison sociale Debard, Dutillieu et Théoleyre. Lors du passage à Lyon du Premier Consul, c'est elle qui est choisie pour lui présenter un métier à façonné, monté dans les magasins du 8, quai Saint-Clair, et le 26 nivôse an X (16 janvier 1802), Napoléon Bonaparte assiste au tissage d'un écran de velours coupé double corps fond reps, timbré du chiffre « B » et orné d'un décor allégorique comportant des cornes d'abondance, une couronne de laurier, des épis et des trompettes de la Renommée, et accompagné de la légende « Fait en présence du Premier Consul à Lyon le 26 nivôse an X », dont le musée des Tissus possède un exemplaire (inv. MT 23496). Gabriel Dutillieu marque un intérêt tout particulier, dès cette période, pour les perfectionnements qu'il est possible d'apporter au métier à tisser et les innovations possibles dans le tissage des façonnés. Il est en relation étroite avec Joseph-Marie Jacquard. Il dépose un brevet, le 20 novembre 1807, pour cinq ans, au bénéfice de la maison Debard, Théoleyre et Dutillieu, dont l'objet était la fabrication des « velours chinés réduits », où « se trouve le mérite d'imiter dans la fabrication la finesse du burin ». Le musée des Tissus possède plusieurs exemplaires de ces velours, réalisés selon ce procédé, sous la Restauration (inv. MT 2160.1, MT 2160.2 et MT 31508). Ce sont ces velours qui sont évoqués dans le compte rendu de l'Exposition des produits de l'industrie française de 1823. En 1808, François Debard se retire des affaires. La raison sociale de la maison devient Dutillieu et Théoleyre. En 1809, Gabriel Dutillieu et Nicolas Théoleyre déposent un nouveau brevet de cinq ans pour une peluche de soie imitant la fourrure d'astrakan. C'est vers ce moment aussi que Gabriel Dutillieu met au point son invention du régulateur pour le tissage des étoffes de soie. Pour démontrer l'efficacité de son invention, Gabriel Dutillieu fait réaliser, en 1809, une étoffe façonnée à décor allégorique, représentant Le Génie de la Fabrique lyonnaise, dont le musée des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 2837). Gabriel Dutillieu n'a pas souhaité protéger cette invention par un brevet pour qu'elle profite à la Fabrique, renonçant ainsi aux bénéfices qu'il pouvait en tirer. Lorsque la crise de 1810 frappe la Fabrique lyonnaise, il est désigné, avec Dominique Mottet de Gérando et Joseph Maillé, fabricant d'unis, et Edme-Jacques Mémo, fabricant d'étoffes de coton, pour exposer la situation au ministre de l'Intérieur et lui remettre un Mémoire dans lequel était présentée la situation de la Fabrique et les moyens d'y remédier. L'Empereur prit les mesures qu'on connaît pour relever la Fabrique lyonnaise, tout en renouant avec son projet de remeubler Versailles. Parmi les fabricants sélectionnés pour fournir des meubles tissés pour l'aménagement du Palais, Fournel père et fils, qui reçoit une seule commande, un damas bleu et or à feuilles de lierre, couronnes de roses et papillon pour un premier salon de l'Empereur à Versailles, s'engage, en 1811, à réaliser l'étoffe « sur les métiers à régulateur dont Monsieur Dutillieu est l'inventeur et par le moyen desquels la hauteur de chaque partie du dessin est toujours parfaitement égale. » En 1811, Dutillieu et Théoleyre reçoivent évidemment aussi plusieurs commandes, dont certaines sont réalisées, à la demande du Garde-Meuble, sur des métiers équipés du régulateur. La maison Dutillieu et Théoleyre reçoit une indemnité supplémentaire pour l'utilisation de ces métiers à régulateur, dans un souci impérial de promotion de l'innovation. C'est en 1812 qu'est réalisée la bordure en « velours Gandin ». Elle constitue, certes, un progrès, mais notons que le 30 avril 1812, la maison J.-P. Seguin et Cie présentait une soumission pour des bordures en velours nuée coupé ciselé et frisé, fond satin jaune, dessin à « entrelacs de feuilles d'acanthe coloriée, au milieu une plante de marguerite » (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 21276/1, GMMP 21 276/2, GMMP 21 276/3 et GMMP 21 276/4), qui présentent exactement la même particularité technique, mais avec un velours ciselé (à la fois frisé et ciselé). La légende du chef d'atelier « orgueilleux » et « bougon », avare de renseignements sur les procédés qu'il utilise, ne semble pas être fondée. Elle trouve son origine dans le quatrième tome du Dictionnaire général des Tissus anciens et modernes de Jean Bezon, publié à Lyon en 1859. L'auteur rapporte, dans une note de bas de page : « Une maison de fabrique de Lyon avait été chargée par le Directeur du Garde-Meubles (sic) de Paris de l'exécution de certains dessins pour lesquels il fallait le secours d'une trame spéciale, afin de produire les liserés sur fond satin et contournant les effets velours. Cette entente de tissus était alors sans précédent, et venait ainsi créer un nouveau genre d'étoffe. Il s'agissait donc de trouver les moyens de produire ces effets par ensemble ; c'est-à-dire de faire en même temps du velours, du satin et du liseré. Le chef de la maison de fabrique chargea plusieurs des ouvriers qu'il occupait de faire des essais pour atteindre le résultat désiré. On se livra à une foule d'essais infructueux. Enfin, un chef d'atelier arriva, par un montage de métier spécial, à résoudre le problème proposé ; c'est-à-dire, à produire les effets que l'on avait voulu obtenir. Il paraîtrait que ce chef d'atelier, peu communicatif de sa nature, fit mystère des combinaisons à l'aide desquelles il avait réussi ; on cherche inutilement à le faire parler ; il persista dans son silence. C'est pour cela que les autres ouvriers, piqués de la réserve de leur confrère, se dirent entre eux : Il a trouvé le gandin. L'expression de gandin, tout à fait locale, mais significative dans sa trivialité, voulait dire : Il a vaincu la difficulté. Quoi qu'il en soit, le mot de gandin fit fortune, si bien que l'on donna la dénomination de velours gandin au genre de velours que nous décrivons ici. Le fait que nous venons de relater à propos de ce tissu se passa au commencement de ce siècle » (p. 90). C'est presque mot pour mot l'anecdote qui a été appliquée à la description de la bordure de la maison Dutillieu et Théoleyre. Les Archives nationales, pas plus que celle du Mobilier national, ne conservent d'ailleurs la trace de ce défi technique lancé par le directeur du Garde-Meuble. Même sans être le prototype du velours Gandin, la bordure est une pièce remarquable par l'usage, inhabituel à cette époque, de deux lats de lancé dont un latté, permettant l'exécution du courant de primevères nuées lilas et vert, conjointement à l'exécution d'un velours coupé sur fond satin. Le meuble livré réserve le velours brun pour les ornements et les culots du talon. La dominante de la bordure est donc donnée par le fond de satin jaune d'or, comme sur l'esquisse approuvée par Alexandre-Théodore Brongniart. Sur l'exemplaire du musée des Tissus, c'est le velours coupé qui constitue le fond de la bordure, les culots et les ornements apparaissant en satin jaune. Peut-être s'agit-il ici d'un essai, pour démontrer l'efficacité du montage du métier ou pour être soumis au commanditaire. Maximilien Durand (fr)
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