About: http://data.silknow.org/object/11978cc6-ecd1-3cbe-8f3b-c39968974a3f/observation/1     Goto   Sponge   NotDistinct   Permalink

An Entity of Type : crmsci:S4_Observation, within Data Space : data.silknow.org associated with source document(s)

AttributesValues
rdf:type
P3 has note
  • Le panneau brodé, avec son pendant (inv. MT 3020), a été acquis en 1862 par la Chambre de Commerce pour son musée d'Art et d'Industrie lors de la dispersion de l'exceptionnelle collection de François Bert, professeur de théorie. L'inventaire manuscrit de la collection indique pour cette pièce : « Écran en broderie or, argent, chenille et soie. Dans un médaillon de drap d'or rapporté sur un fond façonné est représenté une poule qui couve des œufs. Une bordure velours coupé avec filet or et broderie encadre ce riche travail qui fut exécuté sur les dessins de Bony pour S. M. l'Impératrice Joséphine. » Il était accompagné d'un « autre écran de travail analogue au numéro précédent. Pendant. Sujet : un perroquet perché sur une guirlande de fleurs, attachée à deux flambeaux. » L'acquisition de la collection Bert a aussi fait entrer dans les collections du musée des Tissus plusieurs autres pièces attribuées à Jean-François Bony (1754-1825), célèbre dessinateur de fabrique, brodeur, fabricant et occasionnellement peintre de fleurs. On sait que Jean-François Bony a produit, tout au cours de sa carrière, des écrans brodés de ce type. Lors du séjour à Lyon de l'Empereur Napoléon Ier et de l'Impératrice Joséphine, en 1805, par exemple, il présente aux souverains un « écran fond velours brodé en dorures et nuances » exécuté dans son atelier et d'après ses dessins. Un carnet de dessins utilisé par Jean-François Bony entre le Consulat et la Restauration — les premières esquisses datent de 1802, les dernières, de 1816 — est conservé au musée des Tissus (inv. MT 27638) : il conserve plusieurs projets à la mine de plomb ou à la gouache pour des écrans brodés qui offrent des similitudes avec la paire de panneaux décoratifs du musée des Tissus ornée d'une poule et d'un perroquet. Ces projets sont majoritairement attribuables aux années de collaboration de Jean-François Bony avec les cousins Bissardon, André et Jean-Pierre, dit « Bissardon-Lèques », entre 1811 et 1816. On sait par ailleurs que des panneaux de ce type étaient disponibles à la vente dans l'atelier de broderie de Jean-François Bony : dans sa Description historique de Lyon ou Notice sur les monuments remarquables et sur tous les objets de curiosité que renferme cette ville, publiée à Lyon en 1817, Nicolas-François Cochard, avocat en la Cour royale de Lyon, de l'Académie des sciences, belles-lettres et arts et de la Société d'agriculture de la ville, indique que les « personnes qui veulent se former une idée exacte de l'industrie avec laquelle on crée ces brillantes tentures qui décorent les palais des souverains ; ces ornements magnifiques qui ornent nos temples et ajoutent si efficacement à la pompe du culte ; ces étoffes si recherchées dans toutes les parties du globe, à cause de la beauté des dessins, de l'éclat des couleurs, de la souplesse du tissu, doivent visiter les magasins des négocians (sic) qui s'occupent du riche façonné », notamment ceux de Grand frères, de Beauvais frères, de veuve Monterrat et fils, de Chuard, des héritiers Bissardon, de Depouilly et Dutillieu, « surtout recommandables par la perfection, la variété et le bon goût des étoffes qu'on y voit » ; puis il recommande de se rendre chez Seguin et Yéméniz, pour y admirer un écran aux armes de Russie, de Prusse et d'Autriche, exécuté sur un dessin de Pierre Révoil, dont le musée des Tissus conserve un exemplaire (inv. MT 24576.4), et chez Jean-François Bony, « dessinateur distingué », pour y contempler « plusieurs tableaux brodés du meilleur goût : celui qui représente un coq renversant un panier de fleurs est un chef-d'œuvre d'exécution. Son atelier de broderie, et celui de madame veuve Perret, sont ordinairement très occupés » ; enfin, la visite doit se terminer chez Joseph-Marie Jacquard, « mécanicien très habile à qui la manufacture de Lyon est redevable du perfectionnement des métiers pour le broché », et chez Bonnard, pour la fabrication du tulle. Le panneau avec la poule couvant ses œufs est très certainement l'un de ces « tableaux brodés du meilleur goût » que l'on aperçoit alors dans l'atelier de Jean-François Bony. Il présente un médaillon losangé en taffetas lamé or encadré par des ornements supportant des culots d'où jaillissent des branches de laurier, le tout brodé en plusieurs ors, filé, frisé, lame et cannetille. Il abrite une poule brodée de soie nuée, au passé plat, point de tige et point de nœud, couvant ses œufs, dans un nid posé sur un lit de mousse formé de chenille de soie. Des tiges fleuries jaillissent sous le nid et se ploient pour abriter la scène. Le médaillon est rapporté sur un fond bleu, à motif de grecque, bordé par des guirlandes or, composées d'un courant de feuilles de chêne, têtes de marguerites et culots. Le panneau est encadré d'une bordure en velours coupé simple corps, fond satin, lamé et rebrodé, présentant une suite de palmettes alternant avec des fleurettes. On reconnaît les techniques de broderie en soie nuée, chenille de soie, applications et différents ors qui sont propres à l'art de Jean-François Bony et qui ont assuré sa réputation comme brodeur. C'est aussi le répertoire ornemental propre au dessinateur qui est ici mis en œuvre, et qui ne laisse aucun doute sur l'exactitude de l'attribution proposée par l'inventaire de la collection de François Bert. Le professeur de théorie auquel appartenait les panneaux connaissait d'ailleurs bien l'histoire de la soierie lyonnaise et de ses figures éminentes et il n'y a pas de raison de douter de cette attribution, alors même que la pièce avait été acquise par son ancien propriétaire quelques années seulement, sans doute, après la mort de Jean-François Bony. Les branches de laurier, par exemple, sont comparables à celles qui forment l'encadrement des dossiers et des fonds de siège du meuble en satin jaune à semé de fleurs éparses commandé à la maison Bissardon, Cousin et Cie et Bony et Cie, en 1808, pour la Chambre à coucher de l'Empereur au Palais de Meudon (Paris, Mobilier national, inv. GMMP 896). Les guirlandes de marguerites rappellent celles qui apparaissent sur le meuble en satin blanc, or et soie nuée, à couronnes de marguerites, bouquets de roses, rosaces et fleurs impériales commandé en 1811 à la maison Bissardon, Cousin et Bony pour la Chambre à coucher de l'Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles, dont le musée des Tissus conserve un panneau (inv. MT 36456). Les branches qui encadrent le nid, chargées de fleurs à cinq pétales et de boutons, sont fréquentes sur les productions du dessinateur : on les trouve, par exemple, sur le velours vert à réserves, dessin vase et hexagone, commandé à Bissardon, Cousin et Bony en 1811 pour le Cabinet de repos de l'Impératrice Marie-Louise au Palais de Versailles, dont le musée des Tissus conserve un panneau rebrodé or et chenille nuée (inv. MT 26959), ou sur le damas dentelle cramoisi et blanc, exécuté entre 1811 et 1813 pour le Cabinet de toilette de l'Impératrice à Versailles (inv. MT 36455). Les bordures sont aussi tout à fait caractéristiques de la production des cousins Bissardon. Avant même leur association avec Jean-François Bony, ils s'étaient fait une véritable spécialité de la production des velours, enrichis d'or ou d'argent. Le musée des Tissus conserve plusieurs exemples de bordures en velours réalisées durant les années de collaboration des fabricants avec le dessinateur (inv. MT 2981 ou MT 26956.14, par exemple). Là encore, le motif des palmettes, alternant avec des fleurettes, est récurrent. L'iconographie, en revanche, est plus singulière. Les projets d'écrans brodés qui sont conservés au musée des Tissus, dans le carnet de dessins ou sous forme de feuille indépendante (inv. MT 24497.4, MT 24497.5, MT 24497.6, par exemple), montrent généralement des vases, fleuris ou non, accompagnés parfois de guirlandes ou d'un thyrse, des athéniennes, supportant une composition de fleurs ou un brasier, des couples d'oiseaux exotiques, nichant dans une couronne de fleurs... Nicolas-François Cochard mentionne, lui, un écran avec « un coq renversant un panier de fleurs. » Aucun exemplaire de ce panneau ne semble être conservé, mais une gouache de Jean-François Bony, dans une collection particulière, présente un sujet comparable : un perroquet de l'espèce des caïques de Barraband y renverse un panier de fleurs. Il s'agit probablement d'une composition allégorique, réalisée par l'artiste après la mort d'un ami cher, Jacques Barraband (1767-1809), peintre, dessinateur et illustrateur spécialisé, notamment, en ornithologie. Il était professeur de la Classe des fleurs à l'École des Beaux-Arts de Lyon quand il décéda, et Jean-François Bony a accepté d'assurer quelque temps son enseignement, à titre gratuit, en attendant la nomination à ce poste d'Antoine Berjon. Le perroquet auquel Barraband a donné son nom renverse une corbeille contenant les fleurs que le défunt avait appris à peindre à ses élèves. L'intérêt de Jean-François Bony pour les oiseaux exotiques, perroquets et oiseaux de paradis, qu'on trouve abondamment dans son œuvre à partir des années 1810, lui a sans doute été transmis par son ami. Il est donc tout à fait probable que le thème brodé sur le panneau du musée des Tissus ait aussi une portée allégorique, ou tout du moins symbolique. Traditionnellement, la poule couvant ses œufs ou ses petits est une allégorie de la protection divine, politique ou familiale. Lors de la Première Restauration, par exemple, le thème a été retenu pour un panneau brodé offert à Madame Royale, duchesse d'Angoulême, descendante des Bourbons dont on espérait la protection bienveillante, comme en témoigne le Procès-verbal du passage et du séjour à Lyon de Son Altesse Royale Madame, duchesse d'Angoulême publié par la Ville de Lyon en 1814. Marie-Thérèse de France reçut dans la ville, entre le 6 et le 9 août 1814, de nombreux hommages, parmi lesquels celui des Dames ursulines du couvent de la rue de la Charité, qui lui offrirent un tableau en broderie « représentant la France posant sur le chiffre de Madame la couronne de l'immortalité. Ce chiffre est placé dans une couronne de fleurs qui repose sur un autel chargé de deux cornes d'abondance figurant l'Agriculture et le Commerce ; aux deux côtés du tableau sont les emblêmes des Arts refleurissant sous les auspices de Madame ; dans le bas, une poule et ses poussins, pour rappeler le vœu que forme la France sur une postérité qui mettrait le comble à son bonheur ; dans le haut, une croix lumineuse, emblême de la Religion, sortant d'un nuage épais, vient de nouveau éclairer la France, et lui présage, sous le règne des Bourbons, la paix et le bonheur. » Le panneau avec la poule couvant peut avoir été réalisé pour commémorer l'avènement de la Restauration. Le musée des Tissus conserve d'autres œuvres en broderie qui saluent l'événement, comme l'Allégorie de la Monarchie dédiée à la duchesse d'Angoulême par Jenny Larue, exécutée en 1816 (inv. MT 49258). Les caractéristiques stylistiques et techniques de l'œuvre de Jean-François Bony incitent, en effet, à situer son exécution dans les années de sa collaboration avec les cousins Bissardon ou juste après leur séparation, en 1816, plutôt que sous le règne de Joséphine, comme l'indique l'inventaire manuscrit de la collection Bert. Peut-être cette mention vient-elle d'une confusion avec l'écran brodé offert par Jean-François Bony à l'Empereur et à son épouse en 1805, lors de leur séjour à Lyon. On ignore, cependant, ce qu'il représentait. Mais le panneau peut aussi avoir été réalisé avec son pendant pour commémorer un mariage, le perroquet perché sur une guirlande de roses, d'anémones, de narcisses et de myosotis prenant place entre des flambeaux allumés qui symboliseraient alors l'amour et l'hymen. La poule pourrait évoquer, dans ce contexte, la chaleur du foyer à venir. Dans le carnet de dessins de Jean-François Bony conservé au musée des Tissus, les projets d'écrans imaginés pour commémorer le mariage de Marie-Caroline de Bourbon-Siciles avec Charles-Ferdinand d'Artois, duc de Berry, en 1816, utilisent aussi des éléments symboliques : athénienne embrasée (au folio 79), jardinière garnie de fleurs, couples d'oiseaux exotiques, branches de myrte et d'olivier (aux folios 178 et 179), associés au chiffre de la duchesse de Berry. Les deux panneaux du musée des Tissus sont à ce jour les deux seuls exemplaires identifiés dans les collections publiques de cette production de l'atelier de broderie de Jean-François Bony. Maximilien Durand (fr)
P2 has type
crmsci:O8_observed
is P129 is about of
Faceted Search & Find service v1.16.112 as of Mar 01 2023


Alternative Linked Data Documents: ODE     Content Formats:   [cxml] [csv]     RDF   [text] [turtle] [ld+json] [rdf+json] [rdf+xml]     ODATA   [atom+xml] [odata+json]     Microdata   [microdata+json] [html]    About   
This material is Open Knowledge   W3C Semantic Web Technology [RDF Data] Valid XHTML + RDFa
OpenLink Virtuoso version 07.20.3236 as of Mar 1 2023, on Linux (x86_64-pc-linux-musl), Single-Server Edition (126 GB total memory, 29 GB memory in use)
Data on this page belongs to its respective rights holders.
Virtuoso Faceted Browser Copyright © 2009-2024 OpenLink Software